mardi 14 juillet 2015

Petite annonce #2

Orchestre cannibale cherche lot de cure-dents, si possible bois exotique pour goût délicat en bouche.

dimanche 28 juin 2015

Petite annonce

Orchestre bien trop rural, voire même : bien trop forain, cherche technicien de région expert en la matière pour conseils avisés et/ou soutien substantiel.

mardi 23 juin 2015

Le Douanier arrive en station tropicale #1

Les jongles.
A l'époque on disait jongles.
Il s'agissait bien évidemment de jungles, mais elles semblaient à ce point lointaines et sauvages qu'on préférait les désigner sous ce terme-là, jongles.
Rares étaient ceux qui les visitaient et plus rares encore ceux qui en revenaient. 
Et parmi ceux qui revenaient, combien étaient sains d'esprit ?

On les peignait pourtant idylliques comme le Douanier Rousseau. On pouvait y rencontrer un tigre monté par un joueur de ukulele. Un tigre souriant presque et prêt à jouer avec n'importe quoi, avec n'importe qui, parmi d'immenses fleurs dont on n'osait pas rêver. 
Comme si, enfin, le monde respirait en ce dimanche tropical.
Il y avait plus loin de belles femmes. Nues pour certaines, vêtues de blanc colonial pour d'autres, des femmes resplendissantes de santé et en harmonie totale avec la nature. Il y avait d'exubérantes végétations, des lianes improbables, des variétés insoupçonnées d'araignées monstres et, caché dans les taillis, toujours, l'une ou l'autre de ces bestioles avec des dents décourageantes et des yeux brillants. 
Il arrivait aussi qu'on s'enroule dans de grandes fougères. Qu'on se frotte subitement contre les troncs immenses d'arbres inconnus en grognant comme un ours. On faisait ce genre de choses. Cela n'était pas mal vu. Et si par bonheur le rythme du boogaloo venait à se faire entendre, il pénétrait tous les tissus du corps et, par l'épiderme, s'infiltrait jusqu'aux os afin qu'ils s'entrechoquent dans le sabbat frénétique d'une pulsation vaudou.


C'était le bon temps des jongles. Jongles fantasques et fantasmées, poussées dans l'esprit d'un promeneur parisien. Car Henri Rousseau n'a jamais visité les Tropiques. Il les a réinventées, paraît-il, au cours de promenades dans le jardin des Plantes. Et sans jardin ni plantes nous faisons pourtant de même, profitant des vastes décors que ce monsieur-là a plantés pour nous sur la toile de ses tableaux.

Nos Tropiques sont nées au creux des vôtres, Monsieur Rousseau, et comme les vôtres elles sont plus rêvées que nature.


samedi 14 mars 2015

Peinture fraîche

A la suite de l'écrivain Eric Chevillard, et par un mimétisme confinant à l'adulation, Babel Buëch Madam' quitte Overblog pour rejoindre Blogspot. En cause notamment la pollution publicitaire. Sans doute découvrirons-nous bientôt que nul hébergeur n'est parfait mais pour l'heure, essayons de nous sentir bien ici.

Nouveau blog, nouveau titre : la Fumée Grand Bois, tiré de l'expression réunionnaise "Zéro calebasse, la fumée grand bois" - qui signifie quelque chose comme "rien de rien" . 
Pourquoi ce titre ? Pour rien. Pour l'assemblage des mots qui résonne d'une façon particulière et qui donne à voir, à imaginer, qui porte en lui un peu de poésie, un peu de mystère et une très belle ironie. Il y a quelque chose de presque québécois là-dedans, on y croirait, mais non ça vient de la Réunion et c'est du créole. Alors ça me parle - forcément ! - et plus tard, peut-être, mon esprit tordu trouvera dans ces mots un manifeste en germe ou quelque chose de très perspicace et de très brillant, mais pas encore, pas aujourd'hui. Aujourd'hui ce n'est que le titre d'un blog et cela pourrait être le nom d'un groupe comme Babel Büech Madam', si seulement j'y avais pensé plus tôt.

Nouveau blog, nouvelles propositions d'articles : 
on visitera ici d'improbables Tropiques, guidé par le Douanier Rousseau et quelques uns de ses bons amis, dans l'arrière-monde où naissent les chansons de Babel. 
Puis on aura l'occasion de lire quelques feuillets de routine tombés d'un carnet en lambeaux, des feuillets évoquant la vie du groupe, notre joli petit chemin de croix et nos glorioles, avec des récits épiques évoquant notre lutte insensée pour la survie.
On y lira d'autres choses encore, dont la forme m'est pour l'heure inconnue.
Soit, nous verrons bien.
Ce blog-là sera plus intime,  je crois, et moins timide que l'autre.

Voilà pour ce premier article.
J'aime cette sensation de ne m'adresser à personne en particulier et peut-être à personne en général. Cette intuition que j'ai d'être bien seul, d'être condamné à n'être lu que par ma mère et peut-être par ma tante, et bien cette intuition je l'aime aussi, parce que je peux me tromper.
Je me sens brusquement proche de mon écran d'ordinateur. 
Pour peu je le prendrais dans mes bras.